Je me souviens hier
Je me souviens hier, j’avais quatre ans, je tenais ta main en rentrant du parc.
Je me souviens l’avoir dit. « Mon père c’est le plus fort ». Et puis de l’avoir cru.
Je me souviens de ce soir là, j’avais 6 ans, tu tapais sur maman. Je me souviens de ses cris, de sa voix qui se brise.
Je me souviens d’avoir dit « si tu r’fais ça j’te tue », et que t’ai rigolé en me soulevant d’une main.
Je me souviens, j’avais quinze ans, les os de ma mâchoire, éclatant sous ton poing. Je me souviens de ce regard, d’un père qui tapait sur son fils comme il frapperait un chien.
Je me souviens avoir prié, des nuits, pour que tu crèves, et de ces bougies d’anniversaire soufflées en ne souhaitant plus de noël.
Je me souviens à chacun de tes coups, comme un sort à te jeter, l’idée de te survivre chaque fois un peu plus forte.
Je me souviens de leurs mots, quand ils m’ont dit ta mort, la peur qu’ils avaient de me blesser, mais rien après toi ne pouvait plus faire mal.
Je me souviens d’avoir pleuré, quand même, pas pour toi mais pour ce père, qui était mort depuis longtemps.
Je me souviens ton enterrement, j’ai rien dit, j’ai rien fait, resté là impassible, comme éteint, pourtant libre.
Je me souviens longtemps après, une nuit sur ta tombe. J’ai craché dessus, puis j’ai chanté, j’ai dansé, trop saoul pour en pleurer. Et puis je suis tombé, je me suis cassé une dent sur ta pierre tombale.
Je me souviens t’avoir entendu rire, encore, perdu là sous la terre.
Et demain je me souviendrai encore. Mon père, c’était le plus fort.
Antoine Dole
Je me souviens l’avoir dit. « Mon père c’est le plus fort ». Et puis de l’avoir cru.
Je me souviens de ce soir là, j’avais 6 ans, tu tapais sur maman. Je me souviens de ses cris, de sa voix qui se brise.
Je me souviens d’avoir dit « si tu r’fais ça j’te tue », et que t’ai rigolé en me soulevant d’une main.
Je me souviens, j’avais quinze ans, les os de ma mâchoire, éclatant sous ton poing. Je me souviens de ce regard, d’un père qui tapait sur son fils comme il frapperait un chien.
Je me souviens avoir prié, des nuits, pour que tu crèves, et de ces bougies d’anniversaire soufflées en ne souhaitant plus de noël.
Je me souviens à chacun de tes coups, comme un sort à te jeter, l’idée de te survivre chaque fois un peu plus forte.
Je me souviens de leurs mots, quand ils m’ont dit ta mort, la peur qu’ils avaient de me blesser, mais rien après toi ne pouvait plus faire mal.
Je me souviens d’avoir pleuré, quand même, pas pour toi mais pour ce père, qui était mort depuis longtemps.
Je me souviens ton enterrement, j’ai rien dit, j’ai rien fait, resté là impassible, comme éteint, pourtant libre.
Je me souviens longtemps après, une nuit sur ta tombe. J’ai craché dessus, puis j’ai chanté, j’ai dansé, trop saoul pour en pleurer. Et puis je suis tombé, je me suis cassé une dent sur ta pierre tombale.
Je me souviens t’avoir entendu rire, encore, perdu là sous la terre.
Et demain je me souviendrai encore. Mon père, c’était le plus fort.
Antoine Dole
1 Comments:
Bonsoir,
Je trouve votre texte très beau.
Sincèrement,
Annick Jeanne
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